Artiste autodidacte, Michel Smolec sculpte et dessine depuis une quinzaine d’années, laissant libre cours à sa créativité. Les premières sculptures en terre naturelle et monochrome représentent des êtres émergeant difficilement de leur gangue primitive, œuvres brutes annonçant le triomphe de l’énergie vitale.
Peu à peu, ces créatures se sont humanisées ; apparaissent des femmes aux formes généreuses, rebondies, seins et sexes en évidence, à l’érotisme quelque peu agressif. L’artiste se tourne aussi vers la satire et s’amuse à mettre en scène des personnages illustrant les travers de notre société, par exemple, Miel, rendez-vous d’artistes, qui brocarde la vanité de ces créateurs si contents d’eux, souvenir vécu.
Et puis, viennent les couples, preuve que les hommes et les femmes peuvent enfin vivre ensemble ; malgré tout, Michel Smolec a une vision bien personnelle de leurs relations : la plupart des hommes portent un costume ou au moins un pantalon et les femmes sont presque nues, plus érotiques que si elles affichaient une nudité totale avec leurs bottines propices aux fantasmes et leur caraco ouvert sur leur poitrine. Ces couples semblent vivre un érotisme joyeux et sans complexes, l’agressivité a disparu.
Le contraste est d’autant plus frappant avec les dessins au crayon et pastels gras, beaucoup plus tourmentés. Les corps féminins, aux sexes marqués, sont à peine esquissés mais les visages impressionnent par leurs grandes bouches soulignées de rouge et surtout par leurs yeux bleus immenses, asymétriques, au nombre souvent impair, déroutants. Devant ces corps et ces visages à la fois mêlés et dissociés qui perturbent notre vision, nous ne savons plus à combien de personnages nous avons affaire, domine alors un sentiment d’étrangeté et de malaise.
Ces deux aspects, maintenant bien distincts, de l’œuvre de Michel Smolec sont inséparables, ils appartiennent bien à la même personne : d’un côté, sculptures ouvertes sur la vie et de l’autre, dessins énigmatiques et fascinants, où se manifestent encore les fêlures et les blessures secrètes de l’artiste.
Colette Pilletant-Rey
2009
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MICHEL SMOLEC
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A self-made man, Michel Smolec has been carving and drawing for about fifteen years, giving free course to his creativity. The first sculptures, monochrome and made of natural earth, represent individuals difficultly merging from primitive gangue, raw works announcing the triumph of vital energy.
By and by, his creatures become more human. Some women appear, with generous curves, buxom, breasts and sexes obvious, their eroticism somewhat aggressive. The artist also switches to satire and has fun staging characters that illustrate the foibles of our society, for instance "Honey", "An artists' date" which gibe at these artists' vanity, so pleased with themselves : a lived memory.
Later, come the couples, proof that men and women can at last live together. Yet, Michel Smolec has a very personal vision of their relationships : Most men wear a suit or at least trousers ; and women are almost naked, more erotic than if they were completely naked, with their half-boots lending to phantasms and their loose jackets opened on their breasts. These couples seem to live a merry and frank eroticism ; aggressiveness has disappeared.
The contrast is all the more striking with pencil and fatty pastel drawings, much more over-elaborate. Female bodies, with pronounced sexes, are hardly sketched, but faces impress by their large mouths underlined with red, and chiefly by their wide blue eyes, asymmetric, their number often unpaired, disturbing. Before these bodies and faces both mixed and dissociated that perturb our vision, we do not know any more how many characters we are dealing with. Therefore, prevails a sense of strangeness and uneasiness.
These two aspects of Michel Smolec's work, now quite distinct, are inseparable. They do belong to the same person : on one side, sculptures opened on life ; and on the other, enigmatic and fascinating drawings where the artist's secret cracks and injuries still appear.
COLETTE PILLETANT-REY
Teacher in Paris
THIS TEXT WAS WRITTEN IN 2009.