PRESENTATION DE JEAN-CLAUDE CAIRE


MICHEL SMOLEC

à propos de la publication du N° 120 de L’AMATEUR CONSACRE A CET ARTISTE par ALAIN ET BLANCHE-MARIE ARNEODO


Tout au long du « BULLETIN... », nous essayons de présenter l’ensemble des artistes qui vont et viennent sur les multiples chemins de la Singularité. Certains les empruntent depuis plus de cinquante ans et les ont marqués de leurs œuvres devenues des repères incontournables ; d’autres ont juste fait quelques pas dessus et puis ont regagné bien vite la grand-route de la contemporanéité. Mais quand on survole tous les chemins de traverse qui sillonnent les terres de l’autodidactisme, on n’observe que des gens en recherche perpétuelle, sortes de pèlerins portant leur désir d’expression en bandoulière, convergeant vers une lumière fascinante mais certainement indéfinissable que l’Occident nomme : l’art.

Michel Smolec
Michel Smolec

Sur les chemins de la Singularité, vous croiserez, discret, souriant, attentif, Michel SMOLEC. Il a pris la route ces dernières années, mais déjà son pas s’affirme ; et il jalonne sa trace de sculptures et de dessins qui font de lui un authentique Singulier. C’est un peu comme ces moines qui, poussés par leur foi ardente, bousculaient les rites et les arcanes du Droit Canon, réveillant la foi endormie de toute une contrée.

dessin en Noir et Blanc
dessin en Noir et Blanc

Qui parlerait mieux de lui que Jeanine Rivais ! Aussi la laisserons-nous s’exprimer à travers quelques passages du texte qu’elle a écrit pour le N° 120 de l’AMATEUR, publié par Alain Arnéodo. Il est toujours intéressant de savoir comment débute une vocation : «Il a un jour, grâce à notre amie Raâk... plongé ses mains dans la terre et donné naissance à de merveilleux petits personnages. Immédiatement, tout ce qui, sans doute, dormait en lui, s’est libéré dans ces minuscules êtres de glaise ! Depuis, dès qu’il «descend à la cave», jaillissent ses jalousies, les miennes, ses relations difficiles à des problèmes existentiels, ses fantasmes et ses peurs, son humour aussi et son sens de l’observation, sa grande simplicité qui ne supporte pas l’égocentrisme et le dénonce dans la terre !

Impossible de le pousser dans cette voie. La sincérité de Michel est si profonde qu’il ne peut «travailler » que si la pulsion est «là»... Mais si elle est là, il lui est de plus en plus difficile de l’ignorer...

Depuis quelque temps, il dessine souvent, le soir. De drôles de dessins jetés sur le papier à grands coups de crayon noir, où l’on ne repère au début qu’un personnage dissimulé dans une flore incertaine. Et puis, progressivement, l’attention se porte sur un œil tapi dans l’angle, où là au milieu des buissons... Apparaît un second visage, perpendiculaire au premier peut-être, voire complètement inversé. Bientôt plusieurs faces sont décelables, à mesure que tourne la page ; grimaçantes, humoristiques, sombres, inquiètes... jamais méchantes ! »

La mutante
La mutante

Ensuite, après avoir évoqué ses « œuvres de jeunesse », Jeanine Rivais continue en abordant des travaux plus récents : «Les années ont passé, et s’est élargie une «œuvre de chair» au sens quasi-littéral, vu la liberté mentale croissante qu’elle a générée chez ce fondateur d’une création puissante et personnelle. Lequel s’est lancé un jour dans des œuvres polychromes, non pas peintes ou émaillées, mais de terres mêlées, avec un sens inné des rapports de couleurs. Il a ainsi apporté à certaines de ses sculptures un aspect précieux...L’œuvre de Michel Smolec n’est pas non plus dépourvue d’érotisme, comme le prouvent ses fantasmes... En somme Michel Smolec est devenu l’auteur, tendre ou exacerbé, mais assurément talentueux, d’œuvres intenses qu’il est impossible de ne considérer qu’esthétiquement. Car ses petits groupes, si proches de l’Art Brut, sont créés dans une corrélation tellement psychanalytique qu’ils entraînent le spectateur dans des implications beaucoup plus profondes que l’admiration de la simple apparence !»


BULLETIN DE L’ASSOCIATION DES AMIS DE FRANÇOIS OZENDA : Jean- Claude et Simone Caire, BP 44, 83690. SALERNES.

Je t'attends
Je t'attends

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MICHEL SMOLEC

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            All along the "Bulletin…" (¹) we try to present a set of artists that go to and fro on the manifold ways of Singularity. Some have been making use of them for more than fifty years and marked them with their creations that have become key benchmarks. Others have just walked a few steps and then quickly regained the high road of Contemporaneousness. But when you skim over all the sideroad-crossings which roam the lands of self-culture, you note that people in perpetual search, kinds of pilgrims slinging on their shoulders their desire to express themselves, converge towards a fascinating light that Occident calls : Art.

            On the paths of Singularity, you will meet, discrete, smiling, attentive, Michel SMOLEC. He took the road these last years, but his step already asserts itself ; and he stakes his track with sculptures and drawings that make him a genuine outsider artist. It looks a little like those monks who, drawn by their burning faith used to shake the rights and arcanes of Canon Law, waking up the sleeping faith of a whole country.

            Who would write better about him than Jeanine Rivais ? So, we shall let her express herself through some passages of her texts. It is always interesting to know how a vocation starts : "Some day, he plunged his hands into clay, and gave birth to wonderful little creatures. Immediately, everything that maybe was dormant in him, was freed in those tiny beings of earth ! Now, every time he "steps down to the cellar", his jealousies spring out, mine perhaps, his difficult relation to existential problems, his phantasms and his frights, his humor too, and his sense of observation, his great simplicity that does not bear egocentrism and denounces it in earth !

            Impossible to push him along that way ! Michel's sincerity is so deep that he cannot work but if the urge is "here"… But, if it is here, it becomes more and more difficult to ignore it…

            For some time now, he has often been drawing in the evening. Strange drawings thrown with large pencil strokes, where, at the beginning, you can spot but a character hidden in some uncertain wildlife ; And then, by and by, the focus will be on an eye lurking in a corner, or there among bushes… Appears a second face, perpendicular to the first, maybe, or even completely reversed. Soon, several faces can be guessed when you turn the paper leaf, grimacing, humorous, dark, anxious, never nasty…"

            Then, after having evoked his "youth-works", Jeanine Rivais writes on, tackling his more recent works : "Years have gone by, and a "work of flesh" has widened in an almost literal meaning, owing to the increasing mental freedom it generated in that founder of a powerful and personal creation. Who takes up polychrome works, not painted or glazed, but of mixed clays, with an innate sense of colour reports. He thus gives his sculptures a precious aspect… Not that Michel Smolec's work is deprived of erotism, as is proved by his phantasms… In short, Michel Smolec has become the author, tender and exacerbated, but certainly talented, of strenuous works that it is impossible to consider but esthetically. For, his little groups, so close to Outsider Art, are created in such a psychological correlation, that they drag the looker-on into involvements much deeper than the admiration of mere appearance".

Jean-Claude CAIRE

 

 

(¹) "Le BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA" was a fanzine created by Jean-Claude and Simone Caire. For 30 years, it was the most complete publication about Outsider Art. Unfortunately, the founders had to stop it. It is now the memory of all marginal arts.